Les collections des anciennes Écoles Normales s'exposent à la Bibliothèque de l'Inspé de Bonneuil du 25 novembre 2019 au 28 février 2020.
L'exposition "Qui éduquera le peuple ? Une histoire des relations entre l'École Normale et l'éducation populaire" a été conçue en lien avec le colloque "
Instruire le peuple, émanciper les travailleurs" organisé par l'Inspé de Créteil-UPEC, la Société Pierre-Joseph Proudhon, la Maison Auguste Comte et la Bibliothèque des Amis de l’Instruction.
Présentation
«
Tant qu’il y aura des hommes qui n’obéiront pas à leur raison seule, qui recevront leurs opinions d’une opinion étrangère, en vain toutes les chaînes auraient été brisées, en vain des opinions de commandes seraient d’utiles vérités. Le genre humain n’en resterait pas moins partagé entre deux classes : celle des hommes qui raisonnent, et celle des hommes qui croient. Celle des maîtres et celle des esclaves ». Condorcet, 1792.
Du rapport de Condorcet en 1792 à l’éducation permanente, la question des inégalités d’accès au savoir dans la société et au sein de l’école n’a cessé de se poser. Jusqu’aux lois Ferry, l’éducation populaire œuvre pour la scolarisation des enfants du peuple. L’école, devenue obligatoire, va déplacer ses enjeux.
Les collections des anciennes Écoles Normales de Melun et du Bourget livrent leur version des relations complexes nouées entre l’école et l’éducation populaire. Les instituteurs et institutrices, ces «
professeurs du peuple », sont les premiers militants de l’éducation populaire, aux côtés de Jean Macé, créateur de la Ligue de l’enseignement en 1866 et promoteur des bibliothèques populaires ou Ferdinand Buisson engagé dans les Universités Populaires.
Édouard Petit, Inspecteur chargé à partir de 1895 de «
donner un lendemain à l’école » énumère la variété des «
œuvres post-scolaires » dans une école où se retrouveraient «
tous les âges » : cours d’adultes, conférences populaires, projections lumineuses, séances de lectures publiques, causeries, cercles de lecture. Il encourage la mutualité scolaire et les cours publics, ouverts à tous, dans les Écoles normales.
Mais s’agit-il par ces initiatives d’instruire le peuple au-delà de l’école, ou d’éduquer moralement «
son caractère et sa volonté » ? S’agit-il d’éducation mutuelle ou de transmission par une élite du savoir qu’elle décide d’octroyer au peuple ? Ce peuple est-il composé uniquement d’hommes ou également de femmes ? Désigne-t-il les pauvres à craindre et encadrer, les citoyens d’une Nation à intégrer, ou les travailleurs à former utilement ?
La forme scolaire traditionnelle en tout cas persiste, magistrale, autour d’une discipline pratique ou d’une morale. A partir des années 20, l’éducation populaire, en se liant à l’Éducation Nouvelle, va à son tour influencer la classe par ses méthodes propres. Les activités dirigées, impulsées au moment du Front populaire par Jean Zay sont basées sur la liberté, l’expression et la coopération entre enfants. La formule du stage va donner naissance en 1937 aux Centres d’entraînement aux méthodes d'éducation active, qui formeront les futurs enseignants au sein des Écoles Normales en 1952.
L’éducation populaire diffuse ainsi d’autres modes de transmission, mutuels, liant corps et esprit, action et connaissance, étude du milieu et esprit critique. En valorisant les savoirs de groupe et les savoirs d’expérience, elle rappelle la joie d’apprendre ensemble et sa portée émancipatrice.
Bibliographie
> Histoire de l'éducation populaire
Sitographie
> Colloque "Instruire le peuple, émanciper les travailleurs"
> Émanciper le peuple par le savoir, à la BnF
> L'éducation populaire, aux Archives Nationales
> Les Centres d’entrainement aux méthodes d’éducation active (CEMEA)