Durée de 36 mois - 230 427 euros
Responsable scientifique :Denis Alamargot - Professeur de Psychologie Cognitive et Développementale
Etablissements
• CHArt, EA 4004, Université Paris 8 • ESPE Université Paris Est Créteil.
Résumé :Le double enjeu du projet est de comprendre le fonctionnement linguistique du système orthographique et d’identifier les facteurs cognitifs et psycholinguistiques sous-tendant l’apprentissage et la maîtrise de ce système.
Il s’agira d’étudier le décours temporel des traitements impliqués dans la production orthographique lexicale et grammaticale (morphosyntaxique), dans différents contextes de production (mot isolé et contextes phrastique ou textuel) afin de comprendre comment les différents niveaux de production fonctionnent et interagissent.
Même si cette démarche a déjà été entreprise dans le cas de l’orthographe lexicale, les études n’ont le plus souvent pris en compte que la latence de production lors de l’écriture alors que l’existence de traitements orthographiques parallèles à l’écriture lors de la production de mots isolés, ou de la flexion de l’accord sujet-verbe lors de la production de phrases a pu être mise en évidence (Delattre et al., 2006 ; Lambert et al., sous presse).
Ce projet considérera d’autres indicateurs temporels de la dynamique des traitements orthographiques en appliquant et systématisant l’analyse des pauses et débits conjointement à une analyse des mouvements oculaires (dispositif Eye and Pen©, Alamargot et al., 2006; Chesnet & Alamargot, 2005). En particulier, l’identification des unités linguistiques fixées au cours de l’écriture (fixations progressives, régressives, saccades oculaires) devrait nous permettre d’inférer la nature des traitements engagés pendant les pauses ou parallèlement au tracé dont la cinétique peut fluctuer.
La collaboration pluridisciplinaire entre la psychologie cognitive (CeRCA, EMC) et la linguistique (DDL) s’impose au regard de la thématique. L’approche linguistique de la production écrite permettra de décrire et formaliser les caractéristiques du produit rédigé sur les plans orthographique, syntaxique et textuel. L’approche cognitive permettra de considérer les unités linguistiques dans un système de traitement à capacité limitée, supposant une répartition temporelle des traitements. Les deux disciplines travaillent ainsi sur le même objet alliant « unités linguistiques » et « analyse en temps réel des traitements».
Cette collaboration contribue à la force et l’originalité du projet.
La tâche «Dynamique de l’orthographe lexicale : traitement des unités infra-lexicales (tache 2, coordinateur : Pacton, S.) permettra de cerner le rôle joué par les unités graphotactiques, morphologiques et ortho-syllabiques au cours la production écrite d’unités lexicales isolées. La tâche « Dynamique de l’orthographe grammaticale : décours du contrôle pré-graphique durant l’accord sujet-verbe et capacité mémorielle » (tache 3, coordinateur : Rigalleau, F.) permettra d’étudier le fonctionnement de la procédure d’accord sujet-verbe au cours de la production de phrases suscitant des erreurs d’attraction (« le chien des voisins mangent ») afin de préciser le décours temporel (conditions de mise en œuvre et dynamique) du contrôle pré-graphique qui précède la production de la flexion (Largy & Fayol, 2001).
La tâche « Au-delà de l’unité isolée : interactivité des traitements » (Tache 3, coordinateur : Lété, B.) éprouvera les modèles de traitement des unités isolées dans des contextes de production « élargis », constitués a minima d’une suite d’unités (plusieurs mots, plusieurs phrases) et, plus encore, d’un texte. En effet, rédiger ou réviser un texte requiert non seulement des traitements orthographiques lexicaux et grammaticaux mais également syntaxiques, sémantiques, et graphomoteurs qui mobilisent plus fortement les capacités mémorielles.
A terme, ce projet de recherche aboutira à une avancée majeure dans la compréhension de l’apprentissage et du fonctionnement de l’orthographe lexicale et grammaticale, en production d’unités isolées et en contexte rédactionnel. Les perspectives développementales et comparatives adoptées conduiront à de nouvelles préconisations pour l’enseignement et la remédiation.
