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Les troubles de la communication et du langage chez l'enfant. Comment les repérer, comment les appréhender ?
Laurent DANON-BOILEAU - Professeur de Linguistique Générale et d’Acquisition du langage à Paris V Responsable d’équipe au sein de l’URA 1031 du CNRS (Acquisition et Pathologie du langage de l’enfant) Psychanalyste, SPP Psychothérapeute au Centre Alfred Bine.
Quand un enfant ne parvient pas à parler et à communiquer simplement, les raisons en sont souvent diverses et complexes. Mais les effets de cette communication sur ceux qui l’entourent (adultes et enfant) sont d’abord déstabilisants. Il y a bien entendu des axes qui permettent de comprendre les grandes orientations du trouble et ses manifestations les plus courantes. Mais rien ne dispense d’une attention exigeante à ce qui fait la singularité des difficultés d’un enfant. En général c’est en réfléchissant à ce qui se passe en situation naturelle (et pas nécessairement dans le cadre d’une procédure de test ou d’examen) que l’on parvient à faire des hypothèses qui permettent d’ inventer ce qui peut faciliter le retour de l’enfant vers l’échange avec autrui. « Il n’y a de science que du général », disait Aristote . Mais c’était pour ajouter que « Seul le particulier existe ». Telle est la contradiction constante. A cela près qu’ il existe une certaine science du particulier : elle se nomme observation. C’est par l’observation minutieuse que l’on parvient (parfois) à saisir l’enchevêtrement des causes cognitives, affectives et psychiques qui troublent l’entrée d’un enfant dans la communication et le langage et l’enferment dans le silence. Après avoir rappelé les enjeux polémiques qui se nouent autour du soin à l’enfant en difficulté de parole et de langage (trouble instrumental pour les uns, trouble psychogène pour les autres) on exposera quelques considérations théoriques précises mais nécessairement fragmentaires de nature à montrer les problèmes constants que posent l’intrication des deux dimensions. Celles-ci seront illustrées par de courtes situations cliniques, permettant de souligner comment, dans la plupart des cas, le trouble de l’échange résulte de cet enchevêtrement des deux dimensions. On insistera sur le fait qu’un préalable à toute position thérapeutique cohérente implique que l’on cherche à se représenter la situation dans laquelle se trouve l’enfant qui souffre d’un trouble de cet ordre : ce qu’il vit de ne pas être compris ou d’être mal compris , ce qu’implique pour lui le fait de ne comprendre qu’imparfaitement ce qu’on lui adresse. Dans un second temps, à partir de situations un peu développées, on s’efforcera d’apprécier la qualité des processus de pensée que l’on observe chez les enfants dont la pathologie s’organise autour d’un trouble de parole et de langage plus ou moins sévère . Il ne s’agira bien évidemment pas de tenter un étalonnage mais de montrer la qualité élaborative (et les écarts) de productions de pensée que l’ on risquerait parfois de disqualifier trop rapidement, seulement parce qu’ elles s’expriment dans des énoncés qui de prime abord ne sont pas ceux du français tel qu’on le parle.
Bibliographie
- L'enfant qui ne disait rien, Paris, Calman-Levy, 1995
- Grammaire de l’intonation, l’exemple du français (en collab. Mary Annick Morel) Bibliothèque de Faits de Langues, Ophrys 1998, Paris
- The silent Child, Oxford University Press 2001
- Des enfants sans langage, Editions Odile Jacob 2002
- Children without speech, Oxford University Press 2005
- Le langage de l’enfant de 0 à 2 ans (Collab. Mireille Brigaudiot) P.U.F. 2002
- Troubles de la communication et du langage chez l’enfant, Que sais-je P.U.F 2004 (rééd2009)
- La parole est un jeu d’enfant fragile, Editions Odile Jacob, 2007.
- Le sujet de l’énonciation, 2e édition augmentée, Paris Ophrys,2007.
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