Les difficultés persistantes à l'entrée dans l'écrit
Publié le 1 février 2012–Mis à jour le 10 octobre 2022
Daniel Calin est professeur agrégé de philosophie, formateur pour l’ASH, IUFM de Paris. En retraite depuis 2007.
Nombre d’enfants butent de façon persistante sur l’entrée dans l’écrit, sans présenter forcément par ailleurs d’autres difficultés, au point d’être orientés vers l’enseignement spécialisé pour cette seule raison. Depuis quelques années, les « explications » neuro-génétiques de ces difficultés sont revenues en force, à travers la réintroduction de la notion de « dyslexie », sur des bases scientifiques pour le moins fragiles. L’objet de l’intervention est de montrer, en prenant appui en particulier sur des connaissances historiques et ethnologiques, que l’entrée dans l’écrit est un processus beaucoup plus complexe qu’un simple transcodage de la langue orale. Il reproduit un saut anthropologique majeur, que l’humanité n’a commencé à franchir qu’il y a 5 000 ans, et que chaque enfant doit refaire pour son compte. C’est là une transformation considérable, en particulier un changement dans les modalités de la communication et du rapport à autrui. La plupart des difficultés d’entrée dans l’écrit semblent liées à ces profonds changements indispensables pour accéder à la culture écrite, l’enjeu étant leur prise en compte dans les pratiques pédagogiques des enseignants, et en particulier par ceux qui ont la responsabilité d’élèves à besoins spécifiques.