Approches culturelles et cognitives des difficultés en lecture et en langage
Publié le 2 mai 2012–Mis à jour le 10 octobre 2022
Emmanuelle Maître de Pembroke est maître de conférences en Sciences de l’éducation, laboratoire CIRCEFT (équipe REV).
Les approches cognitives de la recherche ont grandement contribué à éclairer la question des difficultés des élèves en lecture/compréhension. Les approches développementales permettent d’analyser comment l’enfant met en place, dès les premières années, les compétences linguistiques, mémorielles et stratégiques. La modélisation des compétences expertes permet de recenser les procédures et stratégies utilisées par des lecteurs performants en vue de repérer les procédures à construire chez les élèves en difficulté et de leur faire prendre conscience de ces possibilités cognitives.
Cependant, tout en étant extrêmement éclairants, ces travaux de recherche utilisent, la plupart du temps, des approches quantitatives et statistiques qui, de par les caractéristiques suivantes, nécessitent d’être complétées afin de :
Prendre en compte la spécificité du fonctionnement de chaque individu avec son propre vécu, son expérience du monde, ses croyances.
Associer les modes de recueil au contexte de la classe et de la famille, avec tous les enjeux identitaires et interactionnels.
Donner aux enseignants les outils nécessaires pour guider individuellement l’enfant dans la construction de sa réflexion. Un guidage individuel vers des prises de conscience prenant en compte toutes ces dimensions est en effet nécessaire.
C’est pourquoi, le croisement de plusieurs modes d’approches méthodologiques (quantitatives, qualitatives, cliniques, contextualisées) et la mobilisation de différents champs épistémologiques (linguistique, psychologie cognitive, sociologie et anthropologie) sont indispensables pour aborder la question de la grande difficulté scolaire dans le domaine de la lecture. Ce croisement sera l’objet de cette conférence, en lien avec les élèves à besoins spécifiques. Le concept de reliance (Morin, Lemoigne) qui prône une prise en compte heuristique pour un traitement global des situations complexes est le concept qui guide cette réflexion centrée sur l’aide à l’élève.