Que signifie être une fille, être un garçon dans la littérature de jeunesse ?
Les albums pour la jeunesse construisent de manière fine et complexe des identités et des rapports sociaux de sexe. Or, nombre d’entre eux attribuent encore aujourd’hui des rôles traditionnels aux garçons et aux filles, donnant corps à une différence des sexes présentée comme naturelle.
Ces caractéristiques figées sont porteuses d’inégalités : les filles, moins nombreuses que les garçons, évoluent plus souvent à l’intérieur de la maison, entretiennent davantage de liens familiaux, sont occupées à des activités liées au care, et sont volontiers incarnées par des insectes ou des souris ; les femmes sont encore quasi exclusivement mères.
Bien sûr, de vaillantes héroïnes ont fait leur apparition, mais elles restent statistiquement invisibles. Cette façon de se libérer en renonçant à être des filles et en empruntant aux garçons leurs codes, mérite en outre d’être interrogée. On peut même penser que ces princesses à l’envers, pensées sur le même moule, construisent de nouveaux stéréotypes et biaisent ce qui pourrait dessiner une émancipation.
Venez en débattre autour d’albums qui mettent plutôt l’accent sur les choix, les contradictions et la singularité de personnages comme Marcel d’Anthony Browne ou Garmann de Stian Hole. Des albums qui ouvrent le champ des possibles et loin d’opposer pour dominer, associent filles et garçons dans une revendication commune.
"Il s'agit moins d'inverser la tendance au profit des filles que de penser différemment l'être humain pour pouvoir le créer autre lorsqu'on est artiste", Nelly Chabrol Gagne, Filles d'albums.