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C'est quoi ton genre ? - Cercle de lecture autour de la littérature jeunesse
Publié le 27 janvier 2020
La bibliothèque de l'INSPÉ de Bonneuil vous présente une sélection d’albums autour de la question : quelles constructions du féminin et du masculin dans les livres pour enfants ?
Les albums transmettent dès le plus jeune âge une différenciation subtile des filles et des garçons et sont encore le théâtre d’une asymétrie dans la représentation des sexes. Les filles, moins nombreuses, sont plus souvent à l’intérieur de la maison, entretiennent davantage de liens familiaux, sont occupées à des activités liées au soin, et s’incarnent plutôt dans des insectes ou des souris. Les garçons sont plus nombreux, plus actifs, à l’extérieur, nouent des relations extra-familiales plus solides, et sont figurés par des animaux puissants.
Cette différence des sexes, présentée comme naturelle, relève plutôt d’un système de relations prescrites et hiérarchisées, jusque dans les images les plus anodines. L'absence de tout signe désigne traditionnellement le garçon : le masculin semble ainsi représenter l’universel, la référence, le sexe par défaut, alors que des attributs comme les longs cheveux, les nœuds ou les robes situent le féminin du côté d’une particularité.
Une évolution est certes sensible : garçons et filles sont décrits avec des profils psychologiques aussi positifs les uns que les autres, des filles rebelles et actives sont apparues. Mais cet alignement des filles sur les garçons aboutit à une égalisation qui paraît truquée et réductrice, conservant comme modèle le personnage masculin. Surtout, les rôles figés s’affirment de plus belle chez les parents, avec la ligne de partage classique entre public et privé, passif et actif. Les femmes adultes, dans les livres pour enfants, sont encore exclusivement des mères disponibles.
Dénoncer les stéréotypes et tenter de les annuler par une sélection d’albums anti-sexistes ne suffit pourtant pas à les déconstruire profondément. Loin du prétexte à une leçon d’égalité, la dimension créatrice d’albums où rien n’est imposé, comme Et pourquoi pas toi ? de Madalena Matoso supplante alors le livre "à message". Jouant avec les stéréotypes sans les nier, chaque volet dissocie l'identité du personnage, homme ou femme, de son activité et c'est le plus naturellement du monde que chacun.e bricole, joue de la guitare, étend la lessive ou soigne les enfants. Jeunes lecteurs et jeunes lectrices ont la liberté de jouer avec qui est fille et qui est garçon parmi les bébés qui s’activent dans Toujours devant de Christian Bruel. Parci et Parla de Claude Ponti, distingués uniquement par un nœud rouge et un nœud bleu, ont les mêmes attitudes et les mêmes réactions : le neutre n'apparaît plus comme l'extension du masculin, mais comme une ouverture aux possibles, portée aussi par le féminin.
Le jeu de la fiction permet d'éviter les discours de prescription et d'exclusion et libère en évoquant plutôt les différences au sein du groupe des filles ou au sein du groupe des garçons. Dans les récits initiatiques de Mélanie Rutten, un petit soldat en colère s’avère être une petite fille, qui traverse des situations complexes en compagnie de personnages tout aussi contradictoires et singuliers. Ce type d’albums permet d’éveiller connivence et réflexion : se mettre à la place de personnages forts permet de mettre à distance les assignations de « vraie fille » ou de « garçon manqué ».
Venez nombreux et nombreuses les découvrir toute la semaine du 3 février et lisons-les ensemble vendredi 7 février entre 12h et 14h !
> Fille d'album : littérature anti-sexiste
> Pour bousculer les stéréotypes fille-garçon, Centre Hubertine Auclert
Cette différence des sexes, présentée comme naturelle, relève plutôt d’un système de relations prescrites et hiérarchisées, jusque dans les images les plus anodines. L'absence de tout signe désigne traditionnellement le garçon : le masculin semble ainsi représenter l’universel, la référence, le sexe par défaut, alors que des attributs comme les longs cheveux, les nœuds ou les robes situent le féminin du côté d’une particularité.
Une évolution est certes sensible : garçons et filles sont décrits avec des profils psychologiques aussi positifs les uns que les autres, des filles rebelles et actives sont apparues. Mais cet alignement des filles sur les garçons aboutit à une égalisation qui paraît truquée et réductrice, conservant comme modèle le personnage masculin. Surtout, les rôles figés s’affirment de plus belle chez les parents, avec la ligne de partage classique entre public et privé, passif et actif. Les femmes adultes, dans les livres pour enfants, sont encore exclusivement des mères disponibles.
Dénoncer les stéréotypes et tenter de les annuler par une sélection d’albums anti-sexistes ne suffit pourtant pas à les déconstruire profondément. Loin du prétexte à une leçon d’égalité, la dimension créatrice d’albums où rien n’est imposé, comme Et pourquoi pas toi ? de Madalena Matoso supplante alors le livre "à message". Jouant avec les stéréotypes sans les nier, chaque volet dissocie l'identité du personnage, homme ou femme, de son activité et c'est le plus naturellement du monde que chacun.e bricole, joue de la guitare, étend la lessive ou soigne les enfants. Jeunes lecteurs et jeunes lectrices ont la liberté de jouer avec qui est fille et qui est garçon parmi les bébés qui s’activent dans Toujours devant de Christian Bruel. Parci et Parla de Claude Ponti, distingués uniquement par un nœud rouge et un nœud bleu, ont les mêmes attitudes et les mêmes réactions : le neutre n'apparaît plus comme l'extension du masculin, mais comme une ouverture aux possibles, portée aussi par le féminin.
Le jeu de la fiction permet d'éviter les discours de prescription et d'exclusion et libère en évoquant plutôt les différences au sein du groupe des filles ou au sein du groupe des garçons. Dans les récits initiatiques de Mélanie Rutten, un petit soldat en colère s’avère être une petite fille, qui traverse des situations complexes en compagnie de personnages tout aussi contradictoires et singuliers. Ce type d’albums permet d’éveiller connivence et réflexion : se mettre à la place de personnages forts permet de mettre à distance les assignations de « vraie fille » ou de « garçon manqué ».
Venez nombreux et nombreuses les découvrir toute la semaine du 3 février et lisons-les ensemble vendredi 7 février entre 12h et 14h !
Bibliographie
> Genre - Littérature jeunesseSitographie
> Les ressentis émotionnels, une entrée pour éduquer à l’égalité des sexes et à la littérature à l’école primaire, C. Marro, G. Pasquier, L. Breton.> Fille d'album : littérature anti-sexiste
> Pour bousculer les stéréotypes fille-garçon, Centre Hubertine Auclert
Contact :
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