• Bibliothèque,

Exposition "De la gymnastique à l'EPS : quelle éducation du corps depuis la IIIe République ?"

Publié le 23 mai 2024

La bibliothèque de Bonneuil expose les collections des anciennes Écoles Normales jusqu'au 20 décembre.

Travail collectif à la perche, École normale de Pau (1903-13)
Travail collectif à la perche, École normale de Pau (1903-13)
Date(s)

du 30 mai 2024 au 20 décembre 2024

Lieu(x)
Bibliothèque de Bonneuil-sur-Marne
Visites guidées et ateliers de recherche sur demande à bib-bonneuil@u-pec.fr

"Plus le corps est faible, plus il commande, plus il est fort, plus il obéit."
Jean-Jacques Rousseau, Émile ou de l'éducation, 1762.


De la gymnastique à l’éducation physique et sportive, la place du corps à l’école traduit l’évolution de ses représentations au fil du temps. Pour le corps médiéval, conçu comme liquide, évacuer les humeurs constitue le principal exercice : pour fortifier la poitrine il s’agit de crier et pour transpirer, de chauffer une pièce. Au début du XIXe siècle, le corps pensé sur le modèle de la machine va demander une gymnastique et contester le maintien figé du corps aristocrate au moment du formidable développement industriel. Cette gymnastique va se trouver correspondre aux besoins de l’école : le découpage du corps en parties, la décomposition en mouvements élémentaires et leur répétition en série permet aux maîtres d’exercer un contrôle simultané sur un groupe d’enfants. 

L’école, construite sur le mérite intellectuel, est convaincue de la nécessité de discipliner le corps pour accéder aux choses de l’esprit. Avant même les grandes lois scolaires de 1882, Jules Ferry fait voter une loi qui concerne non pas l’éducation intellectuelle mais l’éducation des corps. En 1880, il rend obligatoire, uniquement pour les garçons, une gymnastique largement consacrée aux exercices militaires et appliquée au sein de bataillons scolaires. L’éducation physique, dans une école primaire délibérément séparée de l’ordre secondaire va se trouver longtemps assujettie à des dimensions militaires, hygiénistes ou économiques :
 

 « L’école primaire peut et doit faire aux exercices du corps une part suffisante pour préparer et prédisposer en quelque sorte les garçons aux futurs travaux de l’ouvrier et du soldat, les filles aux soins du ménage et aux ouvrages des femmes ». Arrêté du 27 juillet 1882.

Au cours du XXe siècle, l’introduction progressive du sport va reposer la question des valeurs éducatives, en lien avec les questions de performance et de compétition, et rendre encore une fois manifestes les enjeux de mixité et d’égalité entre les corps masculins et les corps féminins. 

Il peut paraître paradoxal de parler de manuels scolaires dans une discipline comme l’éducation physique. La plupart ne s’adresse pas aux élèves mais aux enseignants, et ne montre dans un premier temps que des corps adultes et masculins. Explorer leur évolution, à travers les collections des anciennes Écoles Normales, est l’occasion de se questionner sur les représentations du corps de l’enfant, la division entre le corps et l’esprit dans la classe, les différences de genre, ainsi que sur les méthodes pédagogiques et les finalités même de l’éducation

Une exposition à découvrir jusqu’au 20 décembre 2024, et à approfondir lors de visites guidées et d’ateliers de recherche. 

 

Bibliographie

> Histoire de l'éducation physique et sportive



Sitographie

L'identité de l'éducation physique à l'école primaire (1880-1998), Thierry TERRET